Le 13 mai 1942, Jean Roussillon, préfet régional de Maine-et-Loire, informe les préfets de sa région de l'ordre de René Bousquet, le nouveau secrétaire général à la police, de coopérer avec les SS :
« ... Cette décision est grave ; elle a pour effet de soumettre la police française – et sans doute dans un avenir prochain, l’administration toute entière – au contrôle de l’organisation politique allemande des S.S.
Dans ce but, il a été décidé que les S.S. formeraient, à l’image de l’administration française, une organisation régionale qui ferait vis-à-vis à l’organisation régionale administrative française.
Les préfets régionaux deviendront, en exécution de cette mesure, les Chefs de la police dans l’ensemble de la Région… »
Comme nous le montrons dans notre ouvrage, La Force d’Être, d’Aider et de Secourir sous le poids de l’entente Vichy-Berlin, Jean Tracou, un militaire de carrière, exécutera fidèlement la mission qui lui avait été confiée par Bousquet et Roussilon. Il construira, de ce fait, avec son partenaire, Georg Brückle, une alliance pour la vie. Jean Tracou sera récompensé pour un travail bien fait : il sera nommé Directeur du Cabinet civil du Maréchal Pétain le 5 février 1944.
Le Capitaine de vaisseau Jean Tracou devient préfet de Tours (fin 1941-début 1944)
En 1948, Jean Tracou décrira sa mission de rechristianiser la France et sa montée en grade « bien méritée » pour servir aux côtés du Maréchal Pétain
Georg Brückle, chef de la SiPo-SD de Tours (Juin 1942-1943), un monstre très ordinaire
De facto, le préfet Jean Tracou était devenu une extension importante des objectifs du chef de la SiPo-SD, Georg Brückle : l’élimination des Juifs et l’annihilation de la dissidence française. A cet effet, le préfet communiquait régulièrement les dernières mises au point des listes de Juifs et éventuellement des listes de dissidents suspects. Au moment venu et selon les besoins, le préfet mettait les forces de police et de gendarmerie, et les moyens de transport au service du chef de la SiPo-SD qui dirigeait les opérations. Cela s'est soldé par l'emprisonnement et l'exécution des suspects et la déportation des victimes juives.
Cette symbiose que nous avons constatée tout au long de notre travail explique les lignes qui suivent.
En 1954, Tracou témoignera en faveur de Brückle au procès de ce dernier :
« ... J’ai eu affaire à Brückle un certain nombre de fois et je le considère comme un homme et non comme un robot policier, plein de considération et ayant une grande compréhension... »
Rognard, le président du tribunal militaire de Paris, aura été le dernier à s’étonner (en solo) de la « loyauté » de Tracou à l’égard de Brückle qui finira d'ailleurs paisiblement les dernières décennies de sa vie dans sa Bavière natale (Tome 2).
Quant au Capitaine de vaisseau Jean Tracou, mis à la retraite à la Libération, la direction du Personnel militaire de la Marine lui suggèrera, en 1962, de faire réviser sa pension pour prendre en compte son service pendant la guerre...